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Par Stephen Hawking (1988)

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Albert Einstein (1879-1955)

Les rapports d’Einstein avec la politique relative à la bombe atomique sont bien connus : il a signé la célèbre lettre au président Franklin Roosevelt qui persuada les Etats-Unis de s’engager à fond dans cette voie, puis il a milité durant les années d’après-guerre pour prévenir toute guerre nucléaire. Ce n’était pas seulement l’action isolée d’un savant égaré dans le monde de la politique. Sa vie fut en fait, pour reprendre ses propres mots, « partagée entre la politique et les équations ».

Son premier geste politique intervint durant la Première Guerre mondiale, lorsqu’il enseignait à Berlin. Ecoeuré par le gaspillage en vies humaines, il manifesta contre la guerre. Son plaidoyer en faveur d’une désobéissance civile et son encouragement à refuser la conscription firent peu pour le rapprocher de ses collègues. Puis, au lendemain de la guerre, Einstein concentra ses efforts sur la réconciliation et l’amélioration des relations internationales. Cela ne le rendit pas plus populaire et bientôt cette attitude lui ôta toute possibilité de visite aux Etats-Unis, même pour y donner des cours.

La seconde grande cause qu’il défendit fut celle du sionisme. Bien qu’il fût d’origine juive, Einstein rejetait l’idée du Dieu biblique. Mais la prise de conscience de l’antisémitisme, à la fois pendant et après la Première Guerre mondiale, l’amena peu à peu à s’identifier à la communauté et plus tard devenir un franc partisan du sionisme. Une fois de plus, le fait que cela ne soit pas populaire ne l’empêcha pas de dire ce qu’il pensait. Ses théories furent attaquées; une organisation anti-Einstein fut même mise sur pied. Un homme fut reconnu coupable d’avoir les autres à l’assassiner (et fut condamné à payer six petits dollars). Mais Einstein était flegmatique : lorsqu’un livre fut publié sous le titre Cent auteurs contre Einstein, il s’écria : « Si j’avais eu tort, alors, un seul aurait suffi ! »

Lorsque, en 1933, Hitler arriva au pouvoir, Einstein, alors en Amérique, déclara qu’il ne retournerait plus en Allemagne. Puis, lorsque la milice nazie perquisitionna chez lui et confisqua son compte en banque, un journal de Berlin titra : « Bonnes nouvelles d’Einstein, il ne reviendra pas. » Face à la menace nazie, il renonça au pacifisme et, craignant que les savants allemands n’arrivent à fabriquer une bombe nucléaire, proposa finalement que les Etats-Unis développent la leur. Mais avant même que la première n’ait explosé, il lançait un avertissement public contre les dangers de la guerre nucléaire et proposait un contrôle international de l’armement nucléaire.

Tout au long de sa vie, les efforts qu’Einstein développa en faveur de la paix ne lui rapportèrent pas grand-chose – en dehors de quelques amis. Son soutien oral à la cause sioniste fut cependant dûment reconnu en 1952, lorsqu’on lui offrit la présidence d’Israël. Arguant de sa naïveté en politique, il la refusa. Peut-être sa véritable raison était-elle tout autre; pour le citer encore : « Les équations sont plus importantes pour moi parce que la politique représente le présent, alors qu’une équation est quelque chose d’éternel. »

Ce texte provient du livre "Une brève histoire du temps", de Stephen Hawking


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