Un homme à qui il a été donné de doter le monde d’une grande idée créatrice n’a pas besoin des louanges de la
postérité. Son œuvre lui a déjà conféré une plus grande faveur.
Il est cependant bon – oui, il est indispensable – que les représentants de tous ceux qui cherchent la vérité
et la connaissance soient aujourd’hui réunis des quatre coins du globe. Ils sont ici pour rendre témoignage que même
dans les temps comme les nôtres, où la passion politique et la force brutale sont suspendues comme autant d’épées de
Damoclès au-dessus des têtes des hommes angoissés et peureux, la bannière de notre recherche idéale de la vérité est brandie
haute et pure. Cet idéal, un lien qui unit pour toujours les hommes de science de tous les temps et de tous les lieux, était
réalisé dans Max Planck avec une rare perfection.
Déjà les Grecs avaient conçu la nature atomique de la matière, et ce concept fut élevé à un haut degré de probabilité par
les hommes de science du XIX ième siècle. Mais ce fut la loi du rayonnement de Planck qui fournit la première détermination
exacte – indépendamment d’autres hypothèses – des grandeurs absolues des atomes. Plus que cela, il a montré
d’une manière convaincante qu’outre la structure atomique de la matière il y a une espèce de structure atomique
de l’énergie, gouvernée par la constante universelle h, que Planck avait introduite.
Cette découverte devint la base de toute la recherche en physique au XX ième siècle et a dès lors presque entièrement conditionné
son développement. Sans cette découverte il n’aurait pas été impossible d’établir une théorie exploitable des
molécules et des atomes et des processus énergétiques qui gouvernent leurs transformations. De plus, il a brisé toute la
charpente de la mécanique classique et de l’électrodynamique et assigné à la science un nouvelle tâche : celle de trouver
une base conceptuelle nouvelle pour toute la physique. Malgré des gains partiels remarquables, le problème est encore loin
d’une solution satisfaisante.
En rendant hommage à cet homme, l’Académie nationale des sciences américaines exprime l’espoir que la libre recherche
pour l’amour de la connaissance ne sera pas entravée et gardera toute sa vigueur.
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