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Par Stephen Hawking (1988)

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Isaac Newton (1642-1727)

Isaac Newton ne fut pas ce que l’on appelle un homme agréable. Ses relations avec les autres furent pendant la plus grande partie de sa vie placées sous le signe des plus chaudes disputes. Après la publication de ses Principia Mathematica - sûrement l’ouvrage qui fût jamais écrit en physique -, Newton fut rapidement remarqué. Il fut élu président de la Royal Society et devint le premier savant à avoir été anobli.

Il ne tarda pas à se disputer avec l’astronome royal, John Flamsteed, qui, après lui avoir fourni une grande partie des données nécessaires pour ses Principia, retardait maintenant la diffusion de l’information que Newton lui demandait de publier. Newton n’aurait pas considéré un refus comme une réponse; faisant lui-même partie du corps gouvernemental du Royal Observatory, il essaya d’obtenir une publication immédiate de ces données et s’arrangea même pour que le travail de Flamsteed tombe entre les mains (et soit préparé pour la publication) de son ennemi mortel, Edmund Halley. Mais Flamsteed se plaignit devant les tribunaux et obtint juste à temps une ordonnance empêchant la distribution du travail volé. Outré, Newton se vengea en supprimant systématiquement toute référence à Flamsteed dans les éditions postérieures de ses Principia.

Une dispute plus sérieuse advint avec le philosophe allemand Gottfried Leibniz. Newton et lui avaient développé chacun de leur côté une branche des mathématiques, le calcul différentiel, qui sous-tend la plus grande part de la physique moderne. Bien que nous sachions aujourd’hui que Newton l’avait fait plusieurs années avant Leibniz, l’Anglais ne son travail que plus tard. Une fantastique querelle s’ensuivit pour savoir qui en aurait la paternité, les savants défendant vigoureusement l’une ou l’autre des parties. Remarquons cependant que la plupart des articles parus en faveur de Newton furent au départ écrits de sa propre main, et publiés ensuite seulement sous le nom de ses amis ! Comme la querelle enflait, Leibniz commit la faute d’en appeler devant la Royal Society pour arbitrage. Newton, en tant que président, désigna un comité « impartial » pour mener l’enquête, ne réunissant par pure coïncidence que ses amis à lui ! Et ce ne fut pas tout : il rédigea lui-même le rapport du comité et la Royal Society le publia, accusant officiellement Leibniz de plagiat. Pas encore satisfait, il écrivit alors un article anonyme consacré à ce rapport dans le journal de la Royal Society. Après la mort de Leibniz, on raconte que Newton déclara avoir éprouvé une grande satisfaction d’avoir « brisé le cœur de Leibniz ».

Pendant ces deux affrontements, Newton avait quitté Cambridge et l’Académie. Il fit beaucoup pour le compte du parti anticatholique de Cambridge et, plus tard, au Parlement où il fut récompensé par la charge lucrative de gouverneur de l’Hôtel royal des Monnaies. Là, il utilisa ses talents sournois et acides de façon plus acceptable, socialement parlant, menant avec succès un formidable combat contre les faux-monnayeurs et envoyant même plusieurs hommes à la potence.

Ce texte provient du livre "Une brève histoire du temps", de Stephen Hawking


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